Du neuf avec du vieux
Ou “le jour où le temps s'arrêta“
Cet été j'ai découvert un drôle de film sur TPS : "Capitaine Sky et le monde de demain" (2004).
ça y est je vois le sourcil d'Antoine Perrot se soulever d'un air interrogateur : "Christophe a pété les plombs, il nous fait une chronique de blockbuster maintenant, et pourquoi pas "Transformers" pendant qu'on y est…"
Oui mais voilà : "Capitaine Sky…" est un curieux film : blockbuster raté, film-hommage, techniquement à la pointe et visuellement on ne peut plus rétro.
On y suit les aventures dans un esprit très "serial" années 30/40, d'un intrépide aventurier/pilote (Jude Law) flanqué d'une encombrante reporter amoureuse et jalouse (Gwyneth Paltrow) , lancés à la poursuite d'un savant allemand ayant le projet de réduire la terre à sa merci. Le moins qu'on puisse dire est que ce n'est pas très original…
Mais outre le développement de l'histoire très premier degré à la "Flash Gordon", ce qui est étonnant c'est le traitement visuel apporté à l'histoire :
- tout le film, surtour la première partie, est très contrasté, légèrement flou, dans une gamme de couleurs qui va du sepia au jaune mordoré, avec un grain assez visible, dans une ambiance très claire-obcure.
- Les zones d'ombres sont très fortes et dominantes, et traversées par des lumières à la limite de la surexposition.
- La composition des images est très travaillée, rappelant tout un pan du cinéma américain des années 30/40/50 allant du film noir ("le port de l'angoisse" - Howard Hawks) à une vieille science-fiction "vintage" dirons-nous ("le jour où la terre s'arrêta" de Robert Wise, ou "Metropolis" de Fritz Lang" ).
C'est extrêmement surprenant car le partis pris est vraiment poussé et assumé me semble-t-il.
Dans la dernière partie du film, qui se passe sur l'île du savant fou, le film devient plus lumineux et riche en détails, et la jungle luxuriante fait notamment penser au "King-Kong" de Shoedsack et Cooper (1933).
A l'inverse donc de Steven Spielberg avec ses "Indiana Jones" ou de Peter Jackson avec son remake de King-Kong, qui, tous les 2 également dans un esprit d'hommage (aux serials de jadis pour Spielberg ou à un classique du fantastique pour Jackson) utilisent la technologie de leur époque pour donner un visuel plus moderne (même si ces films se passent dans le passé) à un genre un peu désuet, Kerry Conran cherche lui à se rapprocher de l'ambiance visuelle des années 30 ou 40. La technologie lui sert donc seulement de moyen à recréer un parfum et une atmosphère aujourd'hui disparus depuis longtemps.
Tout le visuel est créé numériquement, les acteurs ont presque inrégralement joué sur fond bleu, mais on croirait - s'il n'y avait les effets spécieux et les scène d'action (encore que certaines soient filmées à l'ancienne, comme au début du film) - que le film est un vieil inédit, une bande découverte récemment dans un coffre-fort de la RKO.
Quelques photos pour se faire une idée :
Alors en vrac quelques constatations : le film est tellement à contre-courant des blockbuster habituels qu'il y trouve une étrange substance… il est tellement aux antipodes des films d'action et d'aventure actuels qu'il en devient captivant (alors que l'intrigue n'a pas d'intérêt), résolument moderne par les techniques utilisées, il est on ne peut plus passéiste dans le résultat obtenu.
Pourquoi ?
Est-il simplement kitsch?
Le metteur en scène est-il si peu inspiré par ce qui se fait actuellement dans le genre qu'il ai eu envie d'aller se replonger dans le passé ? Cette méthode est-elle une bonne solution pour créer de bons films actuels ? Ou un aveu d'impuissance ?
Le film est-il simplement un hommage à un tout un pan du cinéma américain ? Une façon de faire du neuf avec du vieux ?
Cette méthode s'applique-t-elle à d'autres formes d'expression artistiques ?
Indéniablement original par son traitement qui le rend intrigant et amusant à suivre, le film, bien que bien accueilli par la critique, n'a pas ameuté les foules…
Peut-être qu'il ne lui manque au fond qu'une histoire un peu plus inventive ?
Pour finir l'affiche du film :
Christophe
Cet été j'ai découvert un drôle de film sur TPS : "Capitaine Sky et le monde de demain" (2004).
ça y est je vois le sourcil d'Antoine Perrot se soulever d'un air interrogateur : "Christophe a pété les plombs, il nous fait une chronique de blockbuster maintenant, et pourquoi pas "Transformers" pendant qu'on y est…"
Oui mais voilà : "Capitaine Sky…" est un curieux film : blockbuster raté, film-hommage, techniquement à la pointe et visuellement on ne peut plus rétro.
On y suit les aventures dans un esprit très "serial" années 30/40, d'un intrépide aventurier/pilote (Jude Law) flanqué d'une encombrante reporter amoureuse et jalouse (Gwyneth Paltrow) , lancés à la poursuite d'un savant allemand ayant le projet de réduire la terre à sa merci. Le moins qu'on puisse dire est que ce n'est pas très original…
Mais outre le développement de l'histoire très premier degré à la "Flash Gordon", ce qui est étonnant c'est le traitement visuel apporté à l'histoire :
- tout le film, surtour la première partie, est très contrasté, légèrement flou, dans une gamme de couleurs qui va du sepia au jaune mordoré, avec un grain assez visible, dans une ambiance très claire-obcure.
- Les zones d'ombres sont très fortes et dominantes, et traversées par des lumières à la limite de la surexposition.
- La composition des images est très travaillée, rappelant tout un pan du cinéma américain des années 30/40/50 allant du film noir ("le port de l'angoisse" - Howard Hawks) à une vieille science-fiction "vintage" dirons-nous ("le jour où la terre s'arrêta" de Robert Wise, ou "Metropolis" de Fritz Lang" ).
C'est extrêmement surprenant car le partis pris est vraiment poussé et assumé me semble-t-il.
Dans la dernière partie du film, qui se passe sur l'île du savant fou, le film devient plus lumineux et riche en détails, et la jungle luxuriante fait notamment penser au "King-Kong" de Shoedsack et Cooper (1933).
A l'inverse donc de Steven Spielberg avec ses "Indiana Jones" ou de Peter Jackson avec son remake de King-Kong, qui, tous les 2 également dans un esprit d'hommage (aux serials de jadis pour Spielberg ou à un classique du fantastique pour Jackson) utilisent la technologie de leur époque pour donner un visuel plus moderne (même si ces films se passent dans le passé) à un genre un peu désuet, Kerry Conran cherche lui à se rapprocher de l'ambiance visuelle des années 30 ou 40. La technologie lui sert donc seulement de moyen à recréer un parfum et une atmosphère aujourd'hui disparus depuis longtemps.
Tout le visuel est créé numériquement, les acteurs ont presque inrégralement joué sur fond bleu, mais on croirait - s'il n'y avait les effets spécieux et les scène d'action (encore que certaines soient filmées à l'ancienne, comme au début du film) - que le film est un vieil inédit, une bande découverte récemment dans un coffre-fort de la RKO.
Quelques photos pour se faire une idée :
Alors en vrac quelques constatations : le film est tellement à contre-courant des blockbuster habituels qu'il y trouve une étrange substance… il est tellement aux antipodes des films d'action et d'aventure actuels qu'il en devient captivant (alors que l'intrigue n'a pas d'intérêt), résolument moderne par les techniques utilisées, il est on ne peut plus passéiste dans le résultat obtenu.
Pourquoi ?
Est-il simplement kitsch?
Le metteur en scène est-il si peu inspiré par ce qui se fait actuellement dans le genre qu'il ai eu envie d'aller se replonger dans le passé ? Cette méthode est-elle une bonne solution pour créer de bons films actuels ? Ou un aveu d'impuissance ?
Le film est-il simplement un hommage à un tout un pan du cinéma américain ? Une façon de faire du neuf avec du vieux ?
Cette méthode s'applique-t-elle à d'autres formes d'expression artistiques ?
Indéniablement original par son traitement qui le rend intrigant et amusant à suivre, le film, bien que bien accueilli par la critique, n'a pas ameuté les foules…
Peut-être qu'il ne lui manque au fond qu'une histoire un peu plus inventive ?
Pour finir l'affiche du film :
Christophe